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Démarche

Prendre le risque d’ouvrir un passage vers la noirceur? Comment puis-je seulement voir ces lieux sombres et angoissants? 

C’est un voyage vers un monde noir et suffocant. Un monde de machine et de métal. Celui dont on ne revient pas tout à fait le même. Que suis-je donc?

Existe-t-il un déchirement entre une forme de beauté et un paysage froid, sombre et proche de l’horreur? Est-il possible de se prendre d’affection pour de tels univers sans se faire traiter d’anormaux? Heureusement, c’est dans l’art que je projette mes visions, mes cauchemars et mes obsessions. Un peu de folie qui demande d’abandonner ses préjugés et ses propres terreurs.

Souvent, j’utilise les couleurs qui évoquent l’industrie, la mécanique et l’acier. Ce sont des mondes vastes et qui donnent l’impression de ne jamais se terminer. C’est une atmosphère sombre, glauque et glaciale qui s’en dégage. Un érotisme qui peut séduire tout en étant repoussant. Le lien entre Éros et Thanatos. L’imaginaire nous propulse vers des mondes inconnus. Des lieux qui ne semblent être nulle part sur aucune planète. Ou tout simplement provenir de dimensions sombres et hostiles.

Le voyage est au-delà de l’humanité.  Il y a des œuvres faites pour le grand nombre et d’autres qui ne trouve pas le chemin vers la lumière.  Une forme de ténèbres éclairées qui marque, car qui aime son corps?  La vision du corps que la société démontre est si éloignée de sa véritable identité.  Le moment où notre corps nous apparait comme autre chose.  Que ce soit par la maladie, un accident ou la vieillesse, notre corps nous questionne comme être humain.  Ce navire si unique et si fragile au cœur de nos préoccupations.   

Il n’est pas étonnant que nous nous souciions de notre enveloppe.  Par l’entraînement, l’alimentation ou dans ses expressions les plus extrêmes par la chirurgie.  Notre corps est le temple de nos pensées, de nos émotions, de nos plaisirs, de nos douleurs et de nos angoisses. 

 

Le « body horror » ou l’horreur du corps, se définie ainsi par toutes les altérations possibles de notre temple.  La prétendue normalité sera écorchée et même lorsque nous voyons une apparence belle et agréable.  Sous des apparences trompeuses voir attirantes nous pouvons retrouver tout ce qui constitue l’angoisse de la vie.  Après tout, la mort nous attend tous de façon impitoyable. 

L’image biaisée que nous avons de notre corps nous ramène vers les changements que nous voyons tous les jours.  Nous remémorant inlassablement le chemin de notre vie.  Une forme indéfectible d’angoisse se cache sous toutes ces couches que nous utilisons pour nous protéger de notre propre reflet.  Le corps est le parchemin de notre vie.

Le voyage est au-delà de l’humanité.

Au fil du temps, de mes études, de mon travail et de ma propre production.  Il m’est devenu une évidence que je devais mettre en lumière.  Pour moi, qu’est-ce qui est vraiment une œuvre d’art?  Une évidence est mise en exergue aujourd’hui dans ma pensée.  Cependant, ce ne fut pas toujours le cas.  Car aujourd’hui, peu m’importe comment est réalisée l’œuvre.  Ce qu’il faut comprendre, c’est que de l’art ne nait pas nécessairement d’une excellente technique, d’une maitrise profonde d’un médium, du temps imparti pour réaliser le travail.  L’art nait de sa transcendance de sa nature. 

De la même façon qu’un bon vin transcende le raisin qui le compose.  Où qu’un somptueux repas peut dépasser sa nature de sustentation pour devenir autre chose que de la simple nourriture.  Une œuvre d’art par extension n’est pas œuvre parce qu’elle vendu 50 millions ou bien qu’elle est exposé en galerie.

Les chaises, poèmes de Michel Goulet, sont des œuvres d’art, car la nature de la chaise est dépassée pour devenir poésie.  Le manga Blame de Nehei est une œuvre d’art, car elle devient plus qu’une bande dessinée.  Elle parle d’autre chose, elle est une méta-analyse de la condition humaine et de notre monde qui prend son envole lyrique en étant plus que sa nature.

Les composantes, même d’une usine, peuvent devenir art avec le temps.  Lorsque celui-ci aura dépouillé l’objet de toute sa fonction utile.  Que la nature même aura fait œuvre d’art sur un artefact humain fabriqué initialement sans désir de transcendance artistique. 

Une artisane ou un artisan peuvent bien créer des objets fabuleux, comme un tricot, un travail au crochet ou un dessin incroyable avec une précision hors norme.  Mais le tricot, s’il n’est que la suite précise d’un plan dans un livre, il ne dépasse pas sa fonction.  Alors qu’il peut devenir art s’il déborde de son paradigme.  Plus il débordera de son cadre et plus il devient art.

Prenons le cas d’une personne qui n’a aucun talent en dessin et qui fait réaliser son œuvre par un dessinateur.  Qui est l’artiste?  Selon moi, le dessinateur n’est que le bras de l’idée de l’autre. 

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